Consigne:  
Le braingym, c'est quoi ?

Comment ça fonctionne ? 

Comment l'utiliser en orthopédagogie ?

Quels sont ses avantages et les inconvénients ? > selon ses promoteurs et selon ses détracteurs

Mon avis 
 

​

Le braingym, c'est quoi ?

​

Selon l'association Braingym Belgique:

​

Le Brain Gym® est une méthode qui propose des mouvements spécifiques visant à améliorer la qualité de la vie et faciliter l’accès aux capacités d’apprentissage et de développement. Cette approche qui s’adresse à tous (enfants, adolescents, adultes, seniors, personnes handicapées…) trouve essentiellement ses bases dans la recherche de l’équilibre corporel et l’observation des perceptions sensorielles. Elle vise à mobiliser les compétences et à éveiller l’autonomie de chacun.

​

Comment ça fonctionne ?

​

Trois postulats

 

1. Apprendre est une activité naturelle qui dure tout au long de la vie;

2. De nombreux blocages d’apprentissage viennent de notre incapacité à bouger de façon équilibrée, particulièrement lorsque nous sommes insécurisés face à la nouveauté;

3. Nous sommes tous potentiellement « bloqués » dans la mesure où nous avons appris à limiter nos mouvements.

 

Le Brain Gym® peut être pratiqué individuellement ou en groupe, debout ou en position assise, sans matériel et en quelques minutes.

 

Lorsque nous bougeons, nous impliquons instantanément nos trois dimensions :la dimension avant/arrière, la dimension haut/bas et la dimension gauche/droite. Faute de mouvements adéquats, ces dimensions perdent leur intégration naturelle, ce qui induit déséquilibres et difficultés croissantes face aux nouvelles situations. 

​

Le Brain Gym® propose 26 mouvements simples qui, pratiqués dans l’écoute du ressenti propre à chacun, permettent d’activer nos compétences et d’apprendre avec fluidité. Ces mouvements améliorent la mémoire, la concentration, les capacités de lecture, d’écriture
et de calcul, l’organisation, la coordination ainsi que les performances sportives et le bien-être en général.

​

Ces mouvements se répartissent en trois catégories:

​

1. Les mouvements d’allongement
 

Les mouvements d’allongement libèrent la dimension avant/arrière, permettant l’accès à la focalisation.

​

Conséquences possibles d’un déséquilibre de la dimension avant/arrière:

​

Sous-focalisation

• comportements hyper ou hypo actifs;

• troubles du langage;

• déficits d’attention;
   

Sur-focalisalisation

• difficultés de synthétiser, faire des liens;

• sensation d’être submergé;

• difficultés de compréhension;

​

Troubles du comportement;

Difficultés de reconnaître ses propres besoins.

​

2. Les mouvements énergétiques

 

Les activités énergétiques détendent et stabilisent la dimension haut/bas, favorisant ainsi le centrage.
Conséquences possibles d’un déséquilibre de la dimension haut/bas:

 

• Surcharge émotionnelle;Mauvaise organisation (temporelle, spatiale);

• Distraction, éparpillement;

• Confusion;

• Difficultés à reconnaître et/ou à exprimer le ressenti.
   

3. Les mouvements de la ligne médiane

​

Les mouvements de la ligne médiane éveillent et structurent la dimension gauche/droite; ils ouvrent la porte de la latéralité.
Conséquences possibles d’un déséquilibre de la dimension gauche /droite:

Efforts démesurés sans résultat satisfaisant

Difficulté à croiser la ligne médiane se manifestant par:
 

• une mauvaise coordination physique;

• des inversions de lettres (d/b, d/p, b/q);

• des difficultés à lire, écrire et calculer;
   

Problèmes de communication, d’expression ou d’écoute

​

​

​

Comment l'utiliser en orthopédagogie ?

 

Présentée de cette manière la technique peut sembler révolutionnaire pour traiter de nombreux troubles des apprentissages et même des pathologies comme le trouble de l'attention. J'ai très envie d'y croire mais en même temps je me méfie des "remèdes miracle". J'ai donc décidé de pousser mes recherches plus loin. 

​

Quels sont les fondements scientifiques de cette technique ?

Pour répondre à cette question j'ai décidé de regarder, d'une part, ce que déclarent les promoteurs de cette technique et, d'autre part,
ce qu'en disent ses détracteurs.

​

Selon ses promoteurs

Selon Braingym® international la technique s'appuie sur des fondements solides.

Ce qui suit est une traduction, la plus fidèle possible, des éléments essentiels qui sont présentés dans la section questions-réponses
de leur site officiel. J'ai parfois ajouté des commentaires en jaune.

​

Quelle preuve existe-t-il pour appuyer le travail?
Brain Gym® International at-il des recherches sur les effets des activités Brain Gym?

​

La réponse à ces deux questions est identique:

Oui il y a des preuves. Notre principale preuve provient des innombrables témoignages recueillis depuis 1986. (...)

En outre, nous avons des études Brain Gym® disponibles dans ces trois sources:

• Une chronologie (introuvable sur le site) des résumés annotés de l'étude de recherche dans le domaine de la kinésiologie éducative.

• Le Brain Gym® Global Observer, généralement publié trois fois par an, propose des articles approfondis ainsi que des rapports anecdotiques, statistiques ou théoriques écrits par des instructeurs sur l'utilisation du programme Brain Gym® dans divers contextes.

• Le Research Packet propose des versions plus étendues des études de la Chronologie de la recherche. 

• De nombreux livres détaillent également les effets de l'apprentissage sur le mouvement.

​

Quels livres ou autres sources me donneront des recherches sur la validité de l'utilisation du mouvement pour appuyer le processus d'apprentissage?

 

Voici quelques bons exemples des nombreuses ressources existantes:

• Smart Moves: Why Learning Is Not All in Your Head by Carla Hannaford. Salt Lake City: Great River Books, 2005.

• The Dominance Factor: How Knowing Your Dominant Eye, Ear, Brain, Hand and Foot Can Improve Your Learning, by Carla Hannaford. Alexander, N.C.: Great Ocean Publishers, 1997.  

J'ai vérifié, ces maisons d'édition ne publient pas d'études scientifiques.

• “Three Papers on New Discoveries in Brain Function,” by Susan Diamond. [Dr. Diamond synopsized three of her recent papers: “Educational Kinesiology, Movement, and Sensory Integration: A Review of Recent, Relevant Neuroscientific Literature”; “NLP and the Brain: Some Issue Areas, Findings, and Hypotheses”; and “A Review of Brain Gym Literature and Study Design Proposal.”] Brain Gym® Journal, July 2001, Volume XV, Nos. 1 & 2.

Dans ce cas, il s'agit d'articles publiés par Brain Gym journal.

​

Quelle est la différence entre les deux types d'études de recherche dans votre chronologie des études annotées?

 

Les études existantes de la fondation sont classées dans deux modèles de recherche: expérimental (avec trois sous-catégories) et descriptif (avec deux sous-catégories). La différence entre ces deux facteurs tient essentiellement à la méthode de collecte des données et à la façon dont la recherche est mise en place pour isoler une variable particulière. Comme vous pouvez l'imaginer, plus la méthodologie est rigoureuse, moins il y a d'espace pour l'erreur humaine. Pourtant, ceux qui mènent des études de recherche sur Brain Gym ont tendance à être des individus qui travaillent avec les jeunes, de sorte que leurs sujets de recherche ont tendance à être des étudiants en classe. Et, en raison de la nature des enfants, pour qui une méthodologie rigoureuse peut réellement influencer les résultats des tests, la recherche descriptive ou anecdotique sert le mieux.
Cette description peut sembler scientifique mais ne répond pas au critères d'une méthodologie scientifique valable.​

​

La recherche de la Fondation sur les mouvements et les processus du Brain Gym® est-elle scientifique?

​

Certains universitaires considèrent que la recherche expérimentale (recherche statistique avec des groupes témoins) est scientifique. Vous trouverez les études qui adhèrent le plus à cette norme dans nos sous-catégories de recherche annotée «Quasi-Experimental Research» et «True Experimental Research».

 

Quelle est la valeur des petites études en classe comme celles mentionnées dans la chronologie?

​

La fondation crée un corpus de littérature qui valide les hypothèses de recherche sur le travail de Brain Gym® sur lequel des études plus vastes peuvent alors être basées. Certains de nos instructeurs sont en train de développer de telles études plus vastes. Nous invitons des chercheurs impartiaux qui s'intéressent à l'apprentissage pour valider ou réfuter les hypothèses établies.

 

La recherche quantitative et peer-reviewed n'est-elle pas une exigence standard pour tout programme utilisé dans les écoles?

​

Non. Par exemple, il n'existe pas d'articles quantitatifs ou évalués par des pairs qui étayent l'idée que les enfants apprennent mieux en étant testés ou groupés selon le groupe d'âge.

​

Quels types de facteurs sont habituellement mesurés dans la recherche Brain Gym?

​

Le travail Brain Gym est perçu comme ayant une incidence positive sur une grande variété de compétences et de comportements (par exemple, voir Brain Gym®: Teacher's Edition de Paul et Gail Dennison, © 2010). Si vous vous référez à l'une de nos publications de recherche (voir la réponse no 1 ci-dessus), vous verrez qu'au cours des vingt dernières années, vous aurez une gamme complète de compétences, y compris la lecture, l'écriture, l'orthographe, les mathématiques, l'attention, la mémoire et Les compétences en motricité fine et posturale ont été mesurées dans des études pilotes. Parce que le programme Brain Gym offre de tels résultats à multiples facettes, les études de recherche descriptive et anecdotique sont les mieux adaptés à des fins d'étude typique.

​

J'ai fait le tour des arguments avancés par Braingym® International. Contrairement à ce qui est affirmé, les preuves avancées ne me semblent pas scientifiquement recevables. A mon sens, elles sont  de nature à faire hurler la communauté scientifique.

​

Que disent les détracteurs de la méthode ?

​

Il existe de nombreuses critiques de la méthode et elles sont souvent virulentes.
 

Extraits d'un virulent article trouvé sur le site : voir.ca

​

• Parmi les légendes pédagogiques, il convient, en raison de leur grand nombre et de leur actuelle prééminence, de faire une place à part à ce que j’appelle des neuromythes, qui sont des légendes pédagogiques qui invoquent, à tort, des découvertes réelles ou alléguées en neurosciences et en sciences cognitives. Considérez par exemple ce programme appelé Brain Gym, notez en passant que c’est une marque déposée.

• Vous l’avez deviné : quand la communauté scientifique s’est penchée sur la gymnastique cérébrale, la conclusion a à chaque fois été unanime : c’est de la pseudo-science, qui n’a aucune validité et qui ne peut citer à l’appui de ses prétentions que des études non rigoureuses et des anecdotes. Mais le bon sens, à lui seul, aurait dû suffire à refuser de donner son assentiment à ce genre de prétentions".

• Prenez par exemple l’exercice avec les doigts en C dont j’ai parlé plus haut. Il est supposé, dit-on, stimuler le flux d’oxygène qui transporte le sang au cerveau via les artères carotides et ainsi éveiller le cerveau tout en augmentant la concentration et la relaxation. Rien que ça! Et c’est pas fini. C’est que, voyez-vous, il y aurait des ‘boutons cérébraux’ juste au-dessus des artères carotides et que stimulerait cet exercice.

• Un autre exercice consiste à se remuer les oreilles avec les doigts dans le but de «stimuler la conformation réticulaire du cerveau pour rendre inaudibles les sons distrayants et non pertinents et rendre audible le langage».

​

Extraits d'un article disponible sur skepdic.com

​

•  L'idée de base derrière Brain Gym est que le cerveau va se développer, et l'apprentissage sera renforcée, par certains mouvements corporels.

• Brain Gym a été créé dans les années 1980 par le Dr Paul Dennison et Gail E. Dennison, qui «cherchait des moyens plus efficaces pour aider les enfants et les adultes qui avaient été identifiés comme handicapés d'apprentissage. 

• Ce n'est pas le genre d'activité que vous voulez vous associer si vous prétendez être à l'avant-garde de la science.

• Ils ont également rejeté les tests randomisés en double aveugle  parce que les tests montrent systématiquement que leur méthode ne fonctionne pas.

• Malheureusement, les recherches auxquelles ils (les fondateurs du Braingym) se sont intéressés ont été largement discréditées (Bruer 2004; Hyatt 2007; Novella 1996) et la recherche de suivi sur le programme lui-même est ridiculement insuffisante.

• Il y a eu seulement quelques études publiées sur Brain Gym. L'un d'eux concernait quatre participants, dont l'un était l'auteur de l'étude.

• Trois ont été publiés dans un journal qui exige que les auteurs paient pour publication.

• Une autre étude présente de sérieuses lacunes méthodologiques.

​

Extrait de l'article  intitulé Neuroscience and education: myths and messages publié sur nature.com en 2014:

​

Depuis plusieurs décennies, les mythes sur le cerveau - neuromyths - ont persisté dans les écoles et les collèges, souvent utilisés pour justifier des approches inefficaces à l'enseignement. Beaucoup de ces mythes sont des distorsions du fait scientifique. Les conditions culturelles, telles que les différences de terminologie et de langue, ont contribué à créer un «fossé» entre les neurosciences et l'éducation ce qui les a protégé ces distorsions de l'examen minutieux. (...).

​

A la suite de cet article est proposé un liste conséquente de publications scientifiques qui plaident pour la prudence lorsqu'il s'agit de faire le lien entre les neurosciences et les pratiques dans l'éducation. 

​

Mon avis

​

Ce que j'ai pu découvrir sur le Braingym n'est pas de nature à me convaincre. 

​

Je considère que l'absence de preuve peut ne pas être un problème lorsqu'elle est admise et assumée. Dans le cas présent les arguments avancés me semblent volontairement trompeurs. 

​

L'objectif de mon TFE est de construire une technique de relaxation adapté à de l'hippothérapie. La démarche n'est pas fondamentalement différente de celle adoptée par les créateurs du Braingym. Pour mener à bien ce projet, je suis en train d'étudier, par une revue de la littérature, les techniques de relaxation les plus répandues ainsi que les fondements scientifiques sur lesquelles elles s'appuient. Cela m'a permis de constater que des techniques, comme la sophrologie, qui sont reconnues et largement utilisées dans le milieu médical depuis des décennies ne reposent pas sur des preuves scientifiques valides.

​

Je pense que l'absence d'étude scientifique ne signifie pas nécessairement qu'une méthode ne fonctionne pas. Certaines méthodes peuvent fonctionner et ce, même en l'absence de preuves scientifiques. En tant que sophrologue,  je peux vous affirmer que les résultats de mon action sont bien tangibles. Il est probable que les témoignages mis en avant par les tenants du braingym soient du même ordre. Sont-ils scientifiques ? Non. L'absence d'étude scientifiquement valide signifie-t-elle nécessairement qu'une technique ne fonctionne pas? Non plus. Cela démontre simplement qu'un d'un point de vue scientifique la validité de la méthode n'a pas encore été démontrée. Je ne pense pas qu'une méthode commence à fonctionner le jour où son efficacité est démontrée.

​

J'ai du mal à comprendre pourquoi les fondateurs du Braingym diffusent des informations trompeuses. Je ne pense pas que cela porte leur cause. Ils s'exposent surtout aux critiques virulentes de la communauté scientifique et au discrédit. Il est probable que toute une série d'exercices proposés sont bénéfiques. Ce qui me pose problème ce sont les arguments qui sont avancés pour "prouver" les prétendues applications possibles de la méthode.  

​

En tant qu'orthopédagogue, je ne peux y adhérer. Je vais prendre le TDA/H comme exemple. C'est un sujet que j'ai étudié dans le cadre d'un travail de recherche demandé pour notre cours de neuropsychologie. J'aimerais vraiment pouvoir affirmer aux enfants souffrant de ce trouble ainsi qu'à leurs parents que les exercices proposés par le braingym permettent d'agir directement sur le cerveau et contribuer ainsi à
"le réparer". Malheureusement, je crains que ce soit, comme les disent les anglophones, du wishful thinking.

​

​

​